En Krav Maga, il existe l’épreuve du combat dur, redoutée (ou parfois attendue avec impatience) par nombre de pratiquants.
Rappelons que nous avons 3 niveaux de combat :
– Le combat souple : destiné à s’habituer, à « déstresser » l’épreuve du combat, à l’apprentissage, à la mise en application de techniques apprises en cours, à la gestion de la distance, à la gestion de temps de combat relativement longs.
– Le combat appuyé : peut commencer à se pratiquer dès la seconde année de pratique. L’objectif est de s’approcher un peu plus du réalisme. Créer un peu plus de stress. Gérer son cardio. Tester sa résilience et sa combativité. Affiner ses techniques.
– Le combat dur : l’épreuve.
Logiquement à ce stade (2ème année de Krav Maga), les niveaux techniques sont identiques. Ce qui va faire la différence à niveau technique égal constitue un ensemble dont il est utile de maîtriser chaque pièce.
– l’endurance qui va nous permettre un effort intense saccadé sur une période de 4’30 ».
– le cardio (le souffle) qui va nous permettre de maintenir l’explosivité, la rapidité, la puissance et l’efficacité des frappes;
– la lucidité qui procède généralement des deux premiers facteurs.
– un état d’esprit : ce que j’ai appelé combativité et résilience précédemment. Ce sont deux éléments déterminants. Un adversaire plus fort qui vous voit sans cesse revenir à l’assaut peut douter. Ne pas renoncer (en tournant le dos à l’adversaire par exemple, ce qui correspond un peu à vouloir rompre le combat) c’est du domaine de la combativité. La résilience, c’est être capable de se re-saisir rapidement suite à un mauvais coup ou un état de stress, se réadapter. Sans combativité, sans résilience, en situation d’agression réelle, les chances s’avèrent fortement diminuées face à quelqu’un de déterminé.
Si tous ces éléments, tant physiques (endurance, cardio) que psychologiques (détermination, combativité, résilience), sont conjugués, on peut sortir « gagnant » de la confrontation à niveau technique égal. A niveau technique inférieur, cela peut quand même nous faire avoir le dessus.
Souvent en combat souple ou appuyé, on se préserve afin de ne pas se blesser, ou tout simplement car on ressent de la fatigue. En combat dur, il ne faut pas penser ni à la blessure ni à la fatigue. Il faut donc se donner à fond tout en étant concentré : c’est très difficile. Ces 4’30 » peuvent sembler très longues si l’on est dominé et que l’on perd progressivement son physique et sa lucidité.
Généralement le premier combat dur (passage de la ceinture verte) se traduit par un « époudraillage technique » total au cours des 2 premières minutes. Puis par un cardio défaillant dans le dernier round. C’est le grand enseignement. Et on constate un net progrès sur le combat dur suivant (passage de la ceinture bleue) au cours duquel, même en étant explosif, rapide et engagé, on gère mieux la partie cardio, tout simplement car on donne moins de coups inutiles. Ce qui est pourtant l’une des premières choses importantes que l’on apprend : ne pas donner de coups dans le vide quand on est pas à distance pour ne pas se fatiguer. Mais il faut (généralement) arriver à la ceinture bleue pour le comprendre.
Progressivement nos adversaires sont aussi plus forts ou avec un niveau technique nivelé ou supérieur. Il devient donc plus difficile de les toucher et ils ont de meilleures capacités de contres (c’est à partir de la ceinture bleue que l’on commence à avoir le besoin de vraiment mettre en pratique ce que l’on apprend en cours dans les combats). C’est également, selon moi, à la ceinture bleue, que les pratiquants provenant d’autres arts martiaux bénéficient de nouveau de leurs techniques d’origine. Ils ont intégré toutes les non-règles du Krav et reprennent, en les adaptant à notre état d’esprit, leurs techniques spécifiques; ce qui, au final, leur procure un éventail supérieur.
Pour se préparer efficacement au combat dur, il faut beaucoup travailler son cardio, son mental et sa capacité à rester lucide, même si l’on domine : l’une des « règles » du combat dur est que si l’on touche durement un partenaire, nos coups suivants doivent être contrôlés. C’est un des aspects importants. Taper comme une bourrique, c’est bien. Rester lucide, c’est mieux.

Sous stress, c’est celui qui restera le plus lucide et le plus froid (absence d’émotions) qui a la meilleure chance de s’en sortir. c’est la lucidité qui vous procure le coup d’oeil, le coup d’oeil qui aperçoit les ouvertures, et les ouvertures qui vous donnent des avantages. Que ce soit en Krav Maga, en MMA, en boxe, en sports pieds-poings, les KO provenant de coups de « bourrins » sont les fruits du hasard. Plus souvent, les KO proviennent d’une tactique (on a remarqué une faiblesse et on va exploiter cette faiblesse pour servir la stratégie globale du combat), du coup d’oeil permis par la lucidité et la fraîcheur, et de la technique.
A force de combats, on alimente un autre facteur qui deviendra également capital : l’expérience.
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