Bêtisier du DVD ceinture jaune… Avec richard Douieb, Steve Schmitt et Teddy de Baere.
Bêtisier du DVD ceinture jaune… Avec richard Douieb, Steve Schmitt et Teddy de Baere.
Richard Douieb, DTN FEKM, confronte nos techniques à des situations réalistes…
Contre couteau :
Contre pistolet :
Le discours est presque plus important que les techniques présentées…
« On peut répéter mille fois une technique ou on peut apprendre mille techniques une fois« .
D’entrée de jeu, il est à signaler que cela marche avec tout sauf dans ce cas là : « on peut tromper mille fois une femme ou on peut tromper une fois mille femmes » car ici, cela revient au même… Enfin bref, c’est pas le sujet du jour !
Le Krav Maga comporte peu de techniques. A mon avis, sans avoir jamais essayé de les dénombrer, je pense que nous pouvons compter sur un maximum de techniques propres inférieures à 100.
Le Krav Maga, c’est un peu comme des Lego… Chaque brique enseignée peut être réutilisée dans un cas de figure différent et combinée à d’autres. Prenons le cas des dégagements d’étranglements de face et d’étranglements de côté. Nous les apprenons, à la FEKM, d’une manière très codifiée pour créer à terme une réaction réflexe « épidermique »… Je m’explique : dès lors que nous sentons une prise de mains sur la gorge, ou une saisie à la veste à deux mains de face, nous pouvons partir sur un quasi réflexe de dégagement. Comme il nous l’a été enseigné par Richard et nos professeurs, ce qui importe est le premier mouvement. Celui qui va nous permettre de continuer à respirer (sur l’exemple des étranglements). Comme le disait un jour Cyrille Schuster, « le reste appartient au monde libre de la suite« . La SUITE, c’est ce qui va être permis par les années d’entrainement sur une technique et la fluidité que l’on va en retirer. On apprend en cours le dégagement d’étranglement. On s’entraine à le pratiquer ensuite dans des positions différentes. Ainsi donc on pourra partir de manière quasi réflexe sur notre dégagement d’étranglement de face mais imbriquer, en fonction de la réaction et du positionnement du corps de l’adversaire d’autres techniques. Si par exemple suite au « dégrafage » et au coup de genou simultané (technique du dégagement de face), l’assaillant se positionne sur le côté, nous pourrons enchainer sur un coup de coude remontant et une clé « empruntés » à la technique du dégagement d’étranglement de côté. Ce sont là les bienfaits de l’entrainement, qui nous permettent, après avoir assimilé la technique en cours, de sortir des mouvements adaptés à la situation de manière réflexe.
Certains considèrent aujourd’hui que le Krav Maga est trop fouillis, trop complexe et dispose de trop de techniques inutilisables et inefficaces selon eux puisque le monde a évolué. Ils préfèrent donc l’édulcorer pour ne retenir que les techniques « utilisables » et donc proposer un Krav Maga qui serait, selon leurs dires, le Krav Maga adapté aux situations contemporaines (en effet, depuis les années 30, les humains se sont vu pousser des jambes et des pieds supplémentaires et se battent de manière très différente. Il faut donc actualiser les techniques). Libre aux modernisateurs de le croire, mais ce qui est dommage, c’est que l’on peut penser qu’ils se privent d’outils, de certains Lego qui pourraient leur faire défaut. Cela dit, leur niveau élevé doit certainement leur permettre de s’en passer.
Dans un combat, les coups les plus utilisés et basiques sont les coups de poings directs, les crochets et les coups de pieds directs. On pourrait très bien envisager de se passer de tout le reste. Mais plus on a d’outils, plus on aura de chances, même si une agression est relativement brève (quelques secondes), sait-on jamais si le combat lui ne pourra être plus long (quelques minutes maximum). Généralement les pratiquants d’autres sports de combat ou d’arts martiaux, une fois les bases et la compréhension du Krav Maga acquises, deviennent de redoutables combattants car ils adaptent à la philosophie du Krav Maga les techniques qu’ils ont apprises auparavant. Ils disposent donc de bien plus d’outils. Le faible nombre de techniques du Krav Maga nous permet de les répéter des milliers de fois sur un cursus. Peut être qu’en éliminant un certain nombre de techniques on pourra s’améliorer sur celles que l’on retiendra. Fort possible. Mais c’est comme avoir une voiture qui n’aurait que la première et la seconde. Ca nous limite. Subjectif certes. Mais logique.
A l’opposé, le peu de techniques du Krav Maga est critiqué par d’autres qui considèrent qu’il est intéressant de connaître des « milliers » (j’exagère bien sûr) de techniques. Le débat peut s’engager. D’un point de vue recherche technique, il est clair que des arts martiaux asiatiques ou le JJB par exemple présentent un nombre considérable de techniques. A partir de là quel est le but recherché ? Si j’en fais mon centre d’intérêt (personnel ou professionnel) global, que je suis un compétiteur, cela présente en effet un point incontournable que de travailler un grand nombre de techniques, encore une fois, pour m’ouvrir d’autres options en compétition ou dans l’enseignement de ma discipline. La logique serait d’avoir une technique pour chaque situation. Mais cela prend énormément de temps. Combien de fois en tant que pratiquant « loisir » vais-je avoir la capacité de revenir sur ces techniques ? Le Krav Maga est un système qui peut s’acquérir relativement rapidement et qui a même été développé dans ce but : il est selon moi très utilisable (c’est à dire pour nous permettre de poser d’éventuels problèmes à un agresseur) à partir de la troisième année de pratique (ceinture bleue). La logique ici serait de pouvoir adapter nos techniques aux situations. Donc peu de techniques, beaucoup de répétitions, nous permettent de nous en servir rapidement, quand en comparaison, l’Aikido par exemple, qui, selon moi, si sa philosophe est avérée, est l’art martial ultime, est particulièrement ingrat et demande des années de pratique. Car il faut trouver le temps de répéter et répéter encore toutes les nombreuses techniques.
Une précision toutefois. Peu de techniques au Krav Maga laisserait entendre qu’on en a vite fait le tour. Des techniques, oui. De leur mise en application, non. De leur parfaite exécution, encore moins. C’est pour cela qu’il est utile de retourner fréquemment en cours. Quand j’étais élève dans le club de Richard Douieb, le lundi soir, je ne comprenais pas à mes débuts ce que les ceintures noires venaient faire à ce cours débutant où Richard montrait comment donner un coup de poing ou comment exécuter une roulade. Mais par la suite, moi même ayant atteint le grade noire, je suis allé à ces cours et aux autres, quels qu’étaient leurs niveaux, car, généralement, on se rend compte que son niveau est loin d’être satisfaisant et que l’on souhaite se perfectionner encore. On continue donc à apprendre. Chaque cours nous donne une clé. Chaque prof nous donne une nouvelle vision, une explication différente, insiste sur un point auquel on avait pas pensé auparavant et permet de franchir une étape. Chaque entrainement nous permet la répétition et l’ancrage dans le corps d’un mouvement réflexe. Et là, sont les clés du Krav Maga selon moi.
Dernier billet de Richard Douieb (octobre 2013) :
« J’ouvre ce bulletin par une réflexion suite à de récentes vidéos sur le net, qui ont suscité l’intérêt de certains d’entre nous et qui présentent le Krav-Maga avec soit des enchaînements d’exercices physiques, soit des mises en situations, soit des postures démontrant une certaine déviation psychologique de la part des démonstrateurs (j’ose espérer qu’il ne s’agit en fait que d’une image terrifiante d’eux-mêmes que ces gens souhaitent donner).
Concernant le développement de la condition physique, il est tout à fait primordial, d’un point de vue purement sportif comme du point de vue de la self-défense, de la travailler et de réfléchir à des exercices permettant de l’améliorer : de nombreux livres sur ce thème sont disponibles et vous permettront d’imaginer des dizaines d’exercices intéressants pour le travail de la condition physique. Sur ce point une réflexion est en cours au sein de la fédération.
Un rappel récurrent toutefois : une technique mal faite ne permettra pas de se sort
Le travail de mise en situation a le grand avantage d’être ludique et sera volontiers accueilli par vos élèves. Il est très facile d’en imaginer et de l’inclure de temps à autre dans les cours (et non pas les entraînements). Il ne remplacera cependant pas ce travail technique et encore moins les combats demandés aux passages des ceintures. Quelques temps avant un combat le candidat connaît une période normale de stress qu’il doit surmonter le jour J… alors que nous savons tous que dans un exercice du type « mise en situation », l’épreuve n’est pas véritable.ir d’une mauvaise situation facilement. Pour mettre tous les atouts de notre côté il est nécessaire de pouvoir tenir un effort longtemps, d’aller vite, de travailler son mental……et de posséder un bagage technique sérieux.
La physionomie de la situation en cas d’agression réelle serait très probablement différente de celles que nous démontrent certains courants au vu de ces défenses mal effectuées dont il est question, comme d’ailleurs elle le serait aussi si la défense était mal effectuée par les nôtres. J’affirme sans détour que la différence réside dans les chances bien supérieures que les gens de notre fédération auraient de s’en sortir (à détermination et atouts physiques équivalents) du fait de notre meilleure formation.
Crier, se crisper, faire des mouvements avec appels n’ont jamais permis de se sortir d’une situation délicate. Ce sont là des postures factices que les Anciens parmi nous ont pu voir émerger avec une autre fédération. Il faut être conscient qu’il s’agit d’une démarche « marketing » qui vise à donner l’illusion d’une réelle efficacité. Certes une attitude, un style vestimentaire peuvent dissuader des agresseurs peu motivés.
Le Krav-Maga créé par Imi est à l’encontre de cet artifice. Lui-même, je vous en ai souvent parlé, était par son attitude et ses manières à mille lieux de ces postures. Il savait, par expérience véritable, la différence entre la réalité et le faire-semblant.
Combien de ces pseudo-experts aux expressions volontairement agressives (en démonstration c’est assez simple…) se sont réellement trouvés dans des situations complexes où leur intégrité physique voire leur vie même étaient en jeu ?
C’est une question qu’il serait bien utile de poser avant de tomber dans le panneau bien facile de l’apparence…
A l’inverse tous ceux parmi vous qui ont affronté l’épreuve des combats pour les ceintures, jusqu’à la noire et les grades qui ont suivi, ont approché une vérité bien réelle en comparaison. »
« IMI me sert toujours de modèle »
Article de Richard Douieb paru dans Karate Bushido de Juillet 2013